L'ancienne prison de Trois-Rivières

Samedi, dernier jour à Trois-Rivières.

Après une prise de tête avec la gérante de l'auberge nous sommes parties visiter l'ancienne prison de Trois-Rivières.

http://www.enprison.com/

La visite dure à peu près 1h30 et prend vraiment au ventre. Son intérêt réside dans le fait que les guides sont des anciens détenus et racontent leur quotidien dans cette prison qui a fermé ses portes en 1986 à cause de problèmes d'hygiène : en effet il n'y avait aucun système de tout-à-l'égout, pas de chauffage ni d'électricité !

La visite a été menée par Normand qui est sorti de prison il y a douze ans. En l'espace de 1h30 il nous a raconté ce qu'une personne "normale" n'oserais jamais dire : sa famille de "voyous" dont tous les membres sont passés par la case prison, son passé de toxicomane, de vendeur de drogue. On se laisse guider par ses commentaires, on imagine les scènes, il nous raconte comment il fallait s'imposer pour tenir et le quotidien des détenus.

Quand j'étais petit j'accompagnais ma grand-mère voir mon père en prison. Et dans le taxi qui nous ramenais à la maison ma grand-mère pleurait. Alors je me blottissais contre elle pour la consoler.
La première fois où ma grand-mère est venue me voir en prison, je me suis rendu compte que cette fois c'est par ma faute qu'elle allait pleurer dans le taxi, et personne ne sera là pour la consoler.

Avant je me détruisais car je ne m'aimais pas. Depuis que j'ai une fille qui est née il y a huit ans j'ai appris à aimer quelqu'un et son amour m'a appris à m'aimer moi-même.

Si vous passez par Trois-Rivières visitez cette ancienne prison la visite est très touchante (et comme vous voyez on oublie même de prendre des photos), et venez en famille, c'est très instructif !

"Et pendant ce temps" au Québec

Voici THE tube que les gamins chantent à tue-tête (avec Diams) ici.
C'est un groupe québécois appelé Mes aieux et la chanson est dégénération.

Parce que les paroles valent le coup les voici :

DÉGÉNÉRATIONS
(S. Archambault, Mes Aïeux / S. Archambault, Mes Aïeux)


Ton arrière-arrière-grand-père, il a défriché la terre
Ton arrière-grand-père, il a labouré la terre
Et pis ton grand-père a rentabilisé la terre
Pis ton père, il l'a vendue pour devenir fonctionnaire

Et pis toi, mon p'tit gars, tu l'sais pus c'que tu vas faire
Dans ton p'tit trois et demi bien trop cher, frette en hiver
Il te vient des envies de devenir propriétaire
Et tu rêves la nuit d'avoir ton petit lopin de terre

Ton arrière-arrière-grand-mère, elle a eu quatorze enfants
Ton arrière-grand-mère en a eu quasiment autant
Et pis ta grand-mère en a eu trois c'tait suffisant
Pis ta mère en voulait pas ; toi t'étais un accident

Et pis toi, ma p'tite fille, tu changes de partenaire tout l'temps
Quand tu fais des conneries, tu t'en sauves en avortant
Mais y'a des matins, tu te réveilles en pleurant
Quand tu rêves la nuit d'une grande table entourée d'enfants

Ton arrière-arrière-grand-père a vécu la grosse misère
Ton arrière-grand-père, il ramassait les cennes noires
Et pis ton grand-père - miracle ! - est devenu millionnaire
Ton père en a hérité, il l'a tout mis dans ses RÉERs

Et pis toi, p'tite jeunesse, tu dois ton cul au ministère
Pas moyen d'avoir un prêt dans une institution bancaire
Pour calmer tes envies de hold-uper la caissière
Tu lis des livres qui parlent de simplicité volontaire

Tes arrière-arrière-grands-parents, ils savaient comment fêter
Tes arrière-grands-parents, ça swignait fort dans les veillées
Pis tes grands-parents ont connu l'époque yé-yé
Tes parents, c'tait les discos ; c'est là qu'ils se sont rencontrés

Et pis toi, mon ami, qu'est-ce que tu fais de ta soirée ?
Éteins donc ta tivi ; faut pas rester encabané
Heureusement que dans' vie certaines choses refusent de changer
Enfile tes plus beaux habits car nous allons ce soir danser...

Davy Crockett

Ce week-end, ou devrais-je dire fin de semaine, nous sommes partis pour une sympathique journée pluriactivités non loin de Montréal.

Tout de suite on plante le décor. En fait l'auberge se trouve plus à gauche mais ce saloon est à vendre, avis aux amateurs.

I'm a Poor lonesome Cowbow ...

Voici l'engin qui a servi à nous amener. Je vous signale qu'il ne s'agissait pas d'une sortie scolaire et que la moyenne d'âge dans le bus dépassait largement celui des élèves qui utilisent normalement ce genre d'engin.

Un autre engin un peu curieux : il s'agit d'un gros motoneige sur lequel a été posé une carrosserie. Ce véhicule date de 1938 et est encore d'usage pour des balades.

Nous sommes partis faire du chien de traîneau : voici notre attelage, 8 chiens courageux, braves et ... assez bêtes finalement. Nous avons eu droit en quinze minutes à :

• le renversement du traîneau sur la cheville du Motardbrouillon
• les chiens qui foncent vers la poudreuse, c'est rigolo mais finalement assez peu pratique pour courir
• les chiens qui se perdent
• les chiens qui prennent le sentier à l'envers
• le guide qui se retrouve bloqué sous le traîneau parce que le chiens ont avancé alors que le guide se trouvait devant le traîneau
• ....

C'est parti finalement !!

Les chiens revenant sur la piste en sens inverse et le guide d'en face essayant de ne pas faire croiser les meutes pour éviter les bagarres.

Bon sans rancune ... C'est beau et câlin en fait (mais ça pue aussi il faut bien le dire !)

Un peu de glissades sur un "crazy carpet" : sorte de tapis en plastique sur lequel on glisse comme une luge. Délirant et retour en enfance garanti !

L'après-midi : pêche sur glace. Premier objectif : faire un trou dans la glace. Perceptive peu engageante mais nous sommes toujours là (en fait la glace fait à peu près 40 cm de haut).

Notre trou, on va pouvoir pêcher !!

L'installation est prête. "Alors ça mord ?"

A la québécoise ... enfin presque. Il nous manquais la bière.

Le Motardbrouillon en pleine action (oui car en fait il agitait nonchalamment le pied pour faire bouger un peu la ligne, il ne faut pas croire c'est physique).

Soirée Méditerranée

Bon le motif de mon stage à l'étranger reste avant tout : le stage !
Lundi dernier les élèves ont présenté leur travail sur les civilisation "disparues" (ce terme me dérange un peu mais bon) de la Méditerranée. J'ai donc servi de consultante pour corriger les dernières petites erreurs (par exemple à l'est de la Grèce se trouve la Tuque ...).
Ici au Québec les parents (en grande majorité) soutiennent le travail des enseignants et s'impliquent dans la vie scolaire de leurs enfants. En échange, les enseignants font également confiance aux parents et organisent des évènements afin que les parents puissent voir le travail de leurs enfants. C'est cette confiance réciproque qui, selon moi, manque en France (car les enseignants râlent souvent que les parents ne les soutiennent pas mais cela marche aussi dans le sens inverse).
Les élèves travaillent donc dans un projet avec pour but final une présentation face aux parents ce qui est très motivant pour eux. J'ai remarqué que la motivation extrinsèque (autrement dit "le bâton et la carotte") est largement répandue et qu'il y a assez peu de situations pédagogiques qui prennent en compte la motivation intrinsèque.

Non ce ne sont pas les parents d'élèves de toutes les classes de l'école mais de DEUX classes : 58 élèves, 188 personnes présentes avec une limitation quant au nombre de parents présents (2 par élèves).

Chaque élève devait apporter un plat se référent à la Méditerranée : Moussaka, taboulé, pizza, feuilles de vigne, trempette avec légumes ... Tous les parents ont joué le jeu (même ceux avec la Moussaka qui est assez longue à faire) et il y en a eu plus qu'assez.
J'ai bien entendu participé au service (et monté les tables et les chaises), moi qui croyait que Cousin Traiteur était loin derrière moi !!

Les élèves présentant leur production avec Manon ma collègue enseignante de 5ème année.

La cabane à sucre

Le dimanche nous voici en route pour aller à la Cabane à Sucre (admirez les majuscules !).
Une cabane à sucre c'est un endroit où l'on fabrique du sirop d'érable et où l'on accueille des milliers de touristes par an afin de les faire manger toutes choses peu diététiques, bref des spécialités québécoises.
Cette cabane à sucre (Chez Dany) est conseillée par le Guide du Routard : bon c'est très touristique et, Amérique du Nord oblige, on ne passe pas à travers l'inévitable passage par la boutique. Mais c'est assez sympathique et nous avons passé une bonne journée (nous avons surtout beaucoup mangé !).

Décoration "nappe vichy" de rigueur

Nous sommes où ? ... Ah oui au Canada !

En entrée : soupe avec oreilles de crisse (ci-dessus) : très fin et diététique c'est le gras du lard qui (vu qu'il n'est sûrement passez gras en lui même) est frit. Ça donne des "croustilles" à faire tremper dans la soupe ou le sirop d'érable.

Les plats suivant (enfin un aperçu) : en haut binnes (haricots) au sirop d'érable : à droite tourte à la viande (on peut y verser du sirop d'érable), en bas jambon à l'érable (on peut y rajouter du sirop d'érable), à gauche pommes de terres sautées. Il y avait aussi de l'omelette au four qui avait plutôt un vague goût d'oeuf au lait, mais vous avez compris qu'en y rajoutant du sirop d'érable c'est bien meilleur.

En dessert : pancakes, avec ... du sirop d'érable. Le but étant de maximiser l'absorption du sirop d'érable par la crêpe : il y a la méthode "petits trous" ou "petites entailles". A vous de trouver le reste ...

Entre temps (car il faut bien digérer un minimum) nous avions droit à des airs d'accordéon et à taper en coeur avec deux cuillères en bois (faites pour ça car réunies en un seul bout sur le manche). Très "folklorique", il y a des photos compromettantes et même des vidéos !

Les cuillères.

Et enfin la Tire sur neige : du sirop d'érable un peu plus visqueux, chauffé, que l'on verse sur de la neige. Avec un bâton on enroule le sirop qui s'est consolidé à cause du froid et on mange ça comme une sucette.

Bref on a mangé comme des ogres. "Heureusement" avec Béatrice nous avons manqué notre bus, nous avons donc marché pendant une heure et ce petit exercice ne nous a pas fait de mal :-)

Petits détours culinaires

Le WE qui vient de s'achever a été consacré à la bouffe. Oui bouffe. Car ici, ce mot pas très élégant il est vrai, est couramment utilisé par les supermarchés, certains restaurants ou par les gens en général.
Il suffit de se rendre dans un restaurant servant de la cuisine "traditionnelle" pour comprendre pourquoi, jugez plutôt ce que nous avons mangé le samedi midi :

Pour moi une assiette "trio" avec rondelles d'oignons, sandwich à la viande fumée (smoked meat) et poutine : la poutine c'est, pour reprendre les termes du Motardbrouillon, "des frites bien grasses recouvertes de fromage en grains bien gras avec de la sauce brune bien grasse qui a servie à faire cuire quelque chose de non identifié". Martine, ma titulaire, a rajouté à cette définition : "le fromage en crottes qui fait shouick shouick sur les dents".
Effectivement tout est là : le shouick shouick, le gras, la sauce brune.
Je vous avoue que ce n'est pas la meilleure chose que j'ai goûté dans ma vie mais il fallait bien essayer au moins une fois pour que je puisse m'écrier "Je l'ai fait !!" en rentrant en France !

Notez l'épaisseur du sandwich. Ma théorie c'est que le pain n'est là que pour éviter de prendre directement la viande avec les doigts, car, par rapport à la quantité de smoked meat, il ne fait qu'accessoire !

Voici l'assiette de Béatrice : fondue parmesane (fromage type gouda pané), pizza et poutine. Ici les pizzas se mangent au choix avec des frites ou des spaguettis, c'est vous qui voyez.

Les premières courses ont été aussi un grand moment : on y retrouve, selon moi, toute la dualité du Québec : d'un côté il y a des chicken nuggets en paquets de 1,5kg, le lait en grosses bouteilles, les paquets de céréales vertes fluos de 1kg, les crèmes glacées comme dans les films où la fille pleure devant un film car elle vient de se faire jeter par son chum, en gros des protéines et du gras. Et d'un autre côté il y a un plein de rayon de tofu (mou, dur, fumé ...) et de produits végétariens divers et variés (steak de soja, fausse viande).

Ce que j'ai également remarqué c'est que le Québec est beaucoup plus cosmopolite que la France à propos de la nourriture : il est aisé de trouver des feuilles de vigne, de l'houmous, des produits asiatiques pour faire soi-même ses sushis ... etc. dans des supermarchés ordinaires.
De plus une ville comme Trois-Rivières comporte un nombre phénoménal de restaurants japonais, grecs, marocains, italiens, français (ne nous oublions pas !), tex mex ...

Dans le prochain post je vous parlerais de notre sortie "cabane à sucres" du dimanche !!

Petite leçon de québécois

Voici une petite leçon de vocabulaire par une autre Lynda (avec un Y) qui est mieux placée que moi pour en parler !